Queenasses sous influences

by Stéphanie Rosianu & Sabrina Röthlisberger Belkacem for Usure Presse II a magazine published by the art space Urgent Paradise

SRSR – Queenasses sous influences – extracts –

See you at the curtain call

L’écran à cristaux liquides présenterait un impact
 à son angle droit. Il diffuse l’image fixe d’un chemin qui mène à un rideau de velours. Ses différentes nuances de gris donnent la sensation d’une matière onctueuse et rassurante. On aimerait le voir onduler.

De la fente du rideau sort tranquillement un selfiestick. À son extrémité brille un téléphone
intelligent. Il reste un moment droit, entièrement déployé.

Il dit sans prévenir:

– Il n’y a que toi qui peux me répondre.
à qui tu souris quand tu selfies?

Pause Menstrues

I have lived a good life.
I put the Roger Rabbit skin.
On me,
Peau convoitée.
Plus forte que Jason
j’explose leurs toisons.

I have lived a good life.
Dis-je devant un miroir. La peau du patriarcat pendante sur mes épaules. Ce n’est pas un trophée. Alors je la crame. Roger is burning.
Feels good to get ride of him.

I have lived a good life.
Quand nox règles se sont terminées. Que c’était la dernière fois. Noux étions soulagéxes. Librexs de leurs reproductions.
Embauméxes de nouvelles chaleurs.

À la ménopause le sang noux revient par capillarité.
À travers la terre, partout il noux retrouve.
C’est pour ça ces bouffées de chaleurs.
Une nouvelle énergie noux arrive.

Suite de métamorphoses. Peut-être pas la dernière.
De là noux transpirons fièrement.
Ils aimeraient noux cantonner au statut de femme
croulante-au-bord-de-la-mort.
Noux sortons par la voix des mortexs-mais-pas-tout-à-fait.
Celle qu’ils n’osent pas emprunter.
Noux jouissons. Puissantexs.
Puissantexs, noux allumons des brasiers rien qu’en touchant 
les bois de nox doigts.

Nox menstrues ont inondé le sol et ne se mêlent pas au sang
qui colmate sur les corps dévissés des cis-men. Mis en pièces dans des boîtes rangées pour nox cours d’histoires.
Les mens-tues ont gardé leurs désirs. Ils ont peur.

La croûte terrestre on la voyait déjà blessée

Quand ils me regardent je suis région. Lui prendra bien celle-ci, lui celle-là. Chacun son bien et que je me débrouille avec les restes.
Tout leur a appris à nous morceler et nous regarder par zones. Un corps territoire pour l’État-nation, jusqu’au planté du drapeau. On sait ce qu’on fait au territoire. Noux devons le défendre. Alors qu’on a franchement mieux à faire. Devenir un corps sans défenses. Qui pourrait s’entrelacer, créer des terrains vagues. Pas désertés, mais abandonnés de combats.

Rire en corps*
Plus fort
Noux ne sommes pas organiséxes
Noux ne sommes pas manipuléxes
Noux ne tissons pas notre cache-sexe.
We are not frustrated by our lack of the penis.

Rire en corps*
le lac du pénis
On y pisse.

– Bah oui si je t’aimais c’était juste 
pour ta perceuse.

Et c’est le monde qu’on caresse.

*Hélène Cixous, Le Rire de la Méduse, 1975, in Le Rire de la Méduse et autres ironies, Galilée, 2010

Fallen from the pines and plates

Y a des morts qui font mal
sur soi
dans les peaux
qui noux font

Y a des morts qui font mal
qui ont traversé les siècles.
Elles ressentent ça dans leurs ventres les mères.
Les morts qui traversent
qui noux font

Je vis de quels spectres ?

Un spectre repose sous moi.
Chaque jour quand je me déplace, il bouge avec moi.
Me suis.
Parfois je me demande si c’est moi qui l’appelle.
Un spectre repose sous moi.
D’où elle vient me fait peur.
Nous nous appartenons.
Sa peau est extensible, translucide par endroits.
Ceux usés à force de tourner à l’angle des rues.

Je mélange la soupe. Elle en profite pour retirer sa culotte coincée entre ses fesses.
Ce geste qui se doit d’être discret et furtif.
On lui a appris à rester toute la journée avec un paquet
de tissu entre les fesses plutôt que l’élaguer.
Ma main dans cette zone. Attire la leur.

Une femme repose sous moi.
Aide-moi.
Avant de t’engloutir dans les pins.
Je n’ai plus de corps depuis qu’il m’a dépecée.
Me laissant à vif aux regards des autres.

Dimensions du pouvoir

Dimensions du pouvoir
Confort hashtag confort
Appel des contemporains
Est-ce que ça vibre au loin ?
Dépourvues de nos vies par la loi qui nous biberonne à tout va.
Nous pense et nous lange.
La famille nucléaire c’est la baise entre l’État et la loi. Le monstre éclate loin de ceux qui le mettent au monde et tout va pour le mieux.
Le reste est sous perfusion. Incapable de changer. De questionner de peur de perdre les privilèges immaculés.
Ne laissons pas les keufs entrer dans nos rues, maisons, vies, ventres.
Ils se camouflent en se tatouant les bras.

I wished you stayed

I wished you stayed
You haven’t
You entered to hurt only
But i promise
Je retournerai sur tes pas
Atteindre ma terreur, le dégoût de moi-même
En faire quelque chose de beau, de cet intérieur saccagé.
Que tu as généré.
Je ne te laisserai pas gagner.
Descendre dans mes tréfonds pour y puiser la force
Voir quel est mon visage
J’affronterai mon démon blanc, celui qui domine et se prélasse en moi.

See you at the curtain call

Le panneau lumineux aurait encore clignoté.
Il semblerait que l’infiltration vienne de là.
Qu’elle aurait commencé sur nos plus petits modèles. Ceux enfouis 
dans nos poches.
Notifications santé
Proximité régulée
Le voisin au col léché
Racle avec sa raclette, les chewing-gums des pavés qu’il asperge 
 d’un produit décapant jusqu’à son nez.
Il ne grogne même pas.
Heureux sous l’hypnose des mains-tiennent clean
Ce doit être ça le bon voisinage.
Vivre propre pour l’ex-à-minable.

Dites-moi la voiture de vos rêves 
et je vous dirai qui vous êtes.
Il ne s’agit pas de connaître la rentabilité d’un stand de frites, mais d’une prise en compte 
primordiale pour l’économie de tout un pays.*

*Karl-Heinz Vosgerau dans Welt am Draht, Rainer Werner Fassbinder, 1973